#1 Aux origines de Bitcoin
D'où vient-il ? À quel besoin répond-il ? Quelle est sa proposition de valeur ?
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Temps de lecture : 7 minutes.
Bonjour !
Pour cette première édition, je vais te parler de Bitcoin. Tout simplement parce que c’est le point de départ de l’écosystème crypto.
Avant d’analyser Bitcoin sous le prisme de l’investissement (on y viendra bientôt), il me semble pertinent de revenir sur son origine et que tu comprennes pourquoi il a été créé. Car non, Bitcoin ce n’est pas uniquement pour la spéculation 😁
Dans cette édition, je vais vous parler de :
L’influence de l’idéologie Cypherpunks
Pourquoi Internet a besoin de sa propre monnaie
En quoi Bitcoin constitue une technologie de rupture
À la fin de cette édition, tu auras compris la proposition de valeur derrière Bitcoin. Tu auras alors saisi l’une, si ce n’est la principale raison de son succès.
Bonne lecture 😉
L’idéologie Cypherpunks
Bitcoin, dans sa conception, s’inspire des idées du mouvement Cypherpunks. Ce mouvement s’articule autour d’une notion principale : le respect de la vie privée.
Selon la vision Cypherpunks, la direction que prend le développement d’Internet contribuerait à numériser entièrement nos vies, pour finalement les réduire à une somme de données. Internet deviendrait une technologie de contrôle, définissant une nouvelle économie. Une économie où la donnée serait la matière première.
Une trentaine d’années plus tard, on ne peut pas dire qu’ils aient fait fausse route dans leurs prévisions. Entre ton compte Google, tes réseaux sociaux et ton historique de commande Amazon, le portrait numérique de ta vie et de tes habitudes est entre les mains d’une poignée d’acteurs. Ça y est, les GAFAM ont la mainmise sur le monde.
Pour les Cypherpunks, il n’y a rien à attendre des gouvernements, ni des entreprises, ni des grandes organisations pour assurer le respect de la vie privée. Ils n’agiront pas. Il convient donc de développer des logiciels libres pour donner au peuple les moyens de se défendre.
Ce mouvement a donné naissance à de nombreux projets basés sur les mathématiques et la cryptographie (protection des données par le chiffrement). Les efforts de développement, afin de garantir la vie privée des utilisateurs, se sont surtout concentrés dans les domaines des télécommunications et des moyens de paiements.
Bitcoin est directement influencée dans sa conception par cette idéologie libertarienne et vient s’inscrire dans cette lignée d’innovation autour des technologies de paiement garantissant la vie privée.
La nécessité d’une monnaie pour Internet
Internet est une interface d’achat toujours plus importante qui a transformé la vie et les habitudes de consommation au cours des dix dernières années. Les transactions qui interviennent dans le cadre des échanges numériques s’effectuent via des monnaies de banques centrales. Qui dit monnaie de banque centrale dit intermédiaire financier, qu’il s’agisse d’une banque ou d’un prestataire de paiement. Le fait d’utiliser un tiers de confiance, d’avoir recours à l’intermédiation pour garantir les transactions sur internet soulève plusieurs problèmes :
Il y a des limites au système bancaire pour commercer en ligne
On peut évidemment mentionner les frais de change dans le cadre de transactions internationales (bien qu'il existe des alternatives décentes désormais avec les banques en ligne). On retrouve également les plafonds de dépenses qui peuvent poser soucis si vous souhaitez dépenser plusieurs milliers d’euros rapidement ou sur une courte période. Pour saisir une opportunité d’achat par exemple, il faut le dire, c’est frustrant de ne pas toujours pouvoir disposer de son argent et de devoir être proactif, ou devoir contacter votre banque pour régler le souci rapidement.
Plus largement, on peut s’interroger de la pertinence d’utiliser une carte bancaire comme moyen de paiement en ligne principal. Même si cela paraît aujourd’hui tout à fait logique, rappelons tout de même que la carte bleue a été inventée en 1967. Bien qu’elle ait évolué avec son temps, ça reste une technologie qui a été adaptée et mise à jour pour coller aux standards d’Internet. On a adapté de l’ancien pour le faire fonctionner avec du nouveau. Certes, ça fonctionne, mais ce n’est définitivement pas l’option la plus adaptée pour commercer efficacement en ligne. Tout simplement parce que ça n’a pas été conçu pour cela initialement. Ce n’est pas une technologie native d’internet.
L’intermédiation présente des vulnérabilités
Lorsque vous effectuez une opération en carte bancaire sur Internet, des données relatives à vos informations de paiement sont systématiquement enregistrées dans une ou plusieurs bases de données. Bien que sécurisées, ces bases de données restent vulnérables de par leur caractère centralisé. Vos données personnelles et bancaires peuvent être volées, vendues, et utilisées à des fins malveillantes.
Tu penses probablement ne pas être concerné(e), mais c’est beaucoup plus courant que tu ne le penses ! J’ai mis dans les références de fin de page un site qui te permet de faire le test et de vérifier si ton adresse mail et les données associées (mot de passe, adresse postale, etc…) ont déjà été subtilisés.
Le non-respect de la vie privée
Le fait de devoir passer par un tiers de confiance pour assurer les paiements se fait au détriment de ta vie privée. Qu’il s’agisse de ta banque, ou d’un prestataire de paiement que tu utilises dans le cadre de tes transactions en ligne, le détail sur tes transactions est connu. Il est possible de savoir quand, combien, et sur quel site tu dépenses ton argent. Que vous y soyez sensible ou non, cela reste une atteinte de la vie privée. Une multitude d’individus au sein de cette institution peut consulter ton activité. Évidemment, les gouvernements peuvent également y avoir accès.
Satoshi Nakamoto, le mystérieux créateur du Bitcoin, souhaite donc offrir une alternative. Un moyen de paiement qui serait universel. Une monnaie numérique pseudonyme, sans intermédiaire, sécurisée et infalsifiable.
C’est un vrai défi car pour que cette monnaie fonctionne et soit utilisée, il faut réussir à créer de la confiance. Là où les États ou institutions financières garantissent la confiance dans la monnaie à travers une figure d’autorité, l’enjeu pour Bitcoin est de réussir à créer la confiance grâce et à travers une technologie.
La blockchain comme nouveau intermédiaire de confiance
Lorsque vous envoyé un mail, vous y avez toujours accès. Si il y a un problème d’envoi, vous pouvez le renvoyer directement. Il n’y a pas de transfert de propriété mais simplement duplication du contenu. Alors que lorsque vous envoyé une lettre, si elle est perdue, et bien il faut la réécrire.
Même logique avec l’argent, lorsque vous payez avec un billet de banque, vous ne l’avez plus. Vous avez transféré la propriété. Vous ne pouvez pas dupliquer votre billet pour le dépenser à nouveau ailleurs. Dans le monde numérique, l’information est facile à dupliquer. Cela signifie qu’il est possible de créer des copies à l’infini, tout en gardant l’original. Évidemment, ce n’est pas souhaitable de pouvoir faire la même chose avec une monnaie numérique. Si une possibilité existe pour dépenser plusieurs fois la monnaie, personne n’aurait confiance en elle.
Pour créer une monnaie numérique viable, il faut donc réussir à résoudre ce problème de double dépense. Cela permettrait d’empêcher la contrefaçon et garantir la confiance des échanges. Un problème technologique complexe, qu’aucun avant parmi les partisans des idées Cypherpunks n’avait réussi à résoudre. Avec Bitcoin, Satoshi Nakamoto crée la toute première technologie permettant de garantir l’unicité numérique.
Le 31 octobre 2008 est publié le livre blanc de Bitcoin. Un document qui décrit en 8 pages les idées techniques à la base du fonctionnement du protocole. On retrouve la proposition au problème de double dépense. C’est la naissance de la technologie blockchain.
Finalement, la logique derrière la blockchain est assez simple. On peut la résumer en disant qu’il s’agit de lier des informations entre elles par rapport à la précédente de sorte que l’on puisse remonter la chaîne dans le temps, ce qui permet de garantir l’authenticité des informations. Ce n’est d’ailleurs pas un concept nouveau, on retrouve le même mécanisme avec les marchands d’art. Ce qui légitime l’authenticité d’une oeuvre d’art, c’est en partie que l’on puisse identifier avec précisions les différents propriétaires, transferts, et date des cessions. Le fait de pouvoir tracer au fil du temps ces mouvements offre une certaine certitude.
La blockchain Bitcoin permet de faire la même chose avec des bitcoins, et ce numériquement, sans intermédiaire de confiance. Chaque transfert de bitcoins (au sens de pièces, d’unité) fait que l’on peut remonter l’historique des transactions, et cela depuis leur création. La blockchain Bitcoin, c’est donc un grand registre qui répertorie l’historique des transactions publiquement et de façon immuable.
Dans le système décentralisé de Bitcoin, chaque participant à l’écosystème conserve une copie du registre. Si quelqu’un veut modifier le registre, il doit se coordonner avec les autres pour que chacun accepte que la transaction se fasse. Chaque transaction est mis dans un groupe, que l’on appelle bloc. Chaque bloc de transactions est lié avec le précédent, ce qui constitue une chaîne d’informations incassable et infalsifiable. Cette coordination se fait via la preuve de travail (Proof-of-Work) pour assurer l’ancrage des blocs entre eux et garantir la sécurité du réseau.
La preuve de travail, c’est un système de validation qui repose sur de la puissance de calcul assuré par des ordinateurs, qu’on appelle '“mineurs”. Ces derniers sont en compétition les uns avec les autres pour valider les blocs de transactions, et ainsi pouvoir modifier le registre. Le travail des mineurs consiste à valider les blocs en trouvant la réponse à un problème mathématique complexe qui est onéreux, à la fois en matériel informatique et en énergie.
En fait, le terme blockchain est dénué de sens si on ne précise pas l’algorithme de consensus utilisé, la structure de contrôle, la gouvernance et les caractéristiques de sécurité du système dont l’on parle. La blockchain Bitcoin, c’est un système entier où tous ces éléments fonctionnent en harmonie pour la première fois.
Vous l’aurez compris, détailler le fonctionnement technique dans son ensemble est complexe. On reviendra d’ailleurs sur cette notion de minage dans notre prochaine édition car elle est indissociable du concept de rareté. Si vous souhaitez approfondir dès maintenant, vous pouvez consulter directement le livre blanc de Bitcoin dans les références de bas de page.
Pour conclure
La genèse de Bitcoin est fortement influencée par les idées Cypherpunks et constitue le résultat d’une vingtaine d'années d’expérimentation autour des monnaies numériques.
Il y a un réel besoin d’une monnaie native à Internet afin d’échanger plus efficacement, avec un meilleur contrôle, et librement en ligne. Un besoin auquel répond Bitcoin.
Bitcoin déconstruit la croyance selon laquelle la monnaie ne peut exister qu’à travers la confiance aux banques et élimine l’obligation de confiance. Il offre un moyen d’échanger mondialement, sans intermédiaire.
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À dimanche prochain !
Alexis et l’équipe Crypto Guys 💜
Édition rédigée depuis un Airbnb à Tallinn 🇪🇪
Références et liens :
Le fondement de l’idéologie Cypherpunks : A Cypherpunk's Manifesto (Eric Hughes, 1993)
Vérifier si votre adresse mail et autres données personnelles associées ont été compromis : Have I Been Pwned ?
Le fameux livre blanc de Bitcoin : Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System (Satoshi Nakamoto, 2008)